Gilbert Bischoff 

 

du cyclisme

à

l’action humanitaire

 

A l’époque de ses vingt ans, Gilbert Bischoff a roulé avec les meilleurs Elites de Suisse : les Fuchs, Kurmann, Hubschmid, Iwan Schmid, Sutter, Schaer, Salm, Stiz, Thalmann, Leuenberger, Urs Berger, Fretz, Trinkler, Aemisegger, Regamey, Ravasi, Oberson, Kuhn, Glaus et même Daniel Gisiger. C’était dans les années 1970 à une époque où le cyclisme amateur était dominé sur le plan international par les représentants de l’Union soviétique, la Pologne et l’Allemagne de l’Est.  

Du haut de son 1m92, le Vaudois en imposait. Sa puissance en a fait un grand spécialiste du contre-la-montre avec de nombreux succès dans cette spécialité, dont trois fois consécutivement le prestigieux Grand Prix des Nations (1971-72-73) disputé en ouverture de l’épreuve des professionnels.

 

 

Ces années-là, il s’est aussi essayé à la poursuite et a flirté avec le titre national mais a dû s’incliner en finale devant  Josef Fuchs, futur médaillé d’argent aux Mondiaux de Varese (1971) et deux fois  Xaver Kurmann, champion du monde 69-70 et vice-champion olympique 1972. Des références !

Entré au Cyclophile lausannois en 1968, à 17 ans, Gilbert y a fait ses classes en collectionnant les titres de champion vaudois junior et amateur sur piste et route (six). Mais il lui est difficile de mener de front son apprentissage de plâtrier-peintre et la compétition. Il peine mais insiste. En 1970, il gagne le Tour du Haut-Léman, à Montreux, mais c’est en automne 1971 que sa carrière va être lancée par sa victoire inattendue dans le GP des Nations, à Paris. Un événement marquant car Gilbert n’était pas connu hors de nos frontières et il a fallu l’intervention de son pote Henri Regamey pour le faire inscrire en dernière minute en remplacement de l’Argovien Bruno Hubschmid, malade.

 

Grand-Prix des Nations Amateurs 1971

Félicité par Jacques Anquetil, Vélodrome de la "Cipale"

Bischoff se révèle aussi sur route. Début 1972, il gagne la première étape du Tour du Tachira (Vénézuela) puis se classe 2ème du Grand Prix Suisse de la route, l’épreuve de référence des meilleurs amateurs suisses, (mini-Tour de Romandie, à l’époque), battu aux bonifications par Hubschmid ! Gilbert s’est imposé contre la montre à Morges, mais Hubschmid a obtenu de meilleures places aux arrivées. Il sera encore 3ème derrière Iwan Schmid et Meinrad Voegele en 1974, année de son mariage avec Dominique, son plus fidèle supporter.  

            - Je n’étais pas à l’aise sur les pentes à forts pourcentages, sinon je m’en sortais plutôt bien, avoue-t-il. Mais je ne sais pas combien de watts je développais. Je n’ai aucune idée. A l’époque on ne savait rien de tout ça. On n’avait pas d’ordinateur !

Sélectionné pour les JO de Munich, il sera 8ème des 100 km par équipes (sur 35 formations) avec Hubschmid, Roland Schaer et Ueli Sutter. Cette saison-là, il rééditera surtout son exploit des Nations devant le Britannique Lloyd et le Hollandais Schuiten, comme en 1973 à St.Jean-de-Monts (Vendée) devant le Belge VandenBroucke et le Français Patrick Perret, lequel l’avait battu de peu quinze jours auparavant au GP de France. Mais sur une erreur d’Anquetil !  

   -Anquetill me suivait avec la voiture, explique Gilbert. A dix kilomètres de l’arrivée, il m’a annoncé que j’avais une minute d’avance mais il avait sous-estimé Perret et n’avait pas pris son temps ! Sur la fin, j’ai un peu levé le pied et Perret m’a battu de treize secondes… Mais je lui ai promis de prendre ma revanche aux Nations.  

La poignée de main d'Eddy Merckx

Ses exceptionnelles qualités de rouleur sont le fonds de commerce de Bischoff qui va contribuer à la victoire de Cilo dans l’épreuve par équipes de l’ARIF 1973 et le championnat de Suisse des marques ainsi que celui des clubs avec le VC Mendrisio dont il porte désormais les couleurs. En 1975, il étoffe son palmarès en gagnant notamment le GP de France chrono, le championnat de Zurich et le Tour du canton de Fribourg et reçoit, début 1976 lors d’une semaine récréative à St.Gervais,  une proposition pour passer professionnel dans la modeste équipe Jobo-Wolber, tout en portant le maillot Cilo en Suisse. Mais pour le couple Bischoff les temps sont durs sur le plan financier et l’aventure va tourner court car le salaire n’est pas terrible et l’organisation un peu floklorique. Gilbert participe au Tour de Romandie (44ème), au Dauphiné (hors délai dans une étape de montagne) et au Tour de Suisse (61ème) mais ne va pas plus loin. Fin 1976, il remise son vélo et reprend son métier. Une autre vie l’attend qui va transformer son existence et celle de sa famille.