TOUR DU PAYS DE VAUD 2016

Le Suisse Marc Hirschi nouveau leader du TPV à Orbe

Succès du Kazakh Ulysbaev en ligne et de l’Américain McNulty contre la montre

On s’attendait à des bouleversements à l’occasion de la troisième journée du Tour du Pays de Vaud, à Orbe, où deux étapes, en ligne et contre la montre, étaient programmées. Et les événements ont confirmé les pronostics, permettant à l’équipe de Suisse de prendre une sérieuse option sur la victoire finale grâce au Bernois Marc Hirschi (18 ans en août), grand animateur de l’étape matinale et nouveau leader du classement général à 24 heures de la fin de cette 48^ème édition. Un champion de Suisse à l’aise sur tous les terrains grâce à des qualités qui lui ont permis de réussir un coup de force en montagne le matin avec le Kazakh Ulysbaev, vainqueur à Orbe, et l’Autrichien Félix Gall, champion du monde en titre, et de confirmer ensuite dans l’épreuve chonométrée en ne concédant que trois secondes au favori américain Brendan McNulty. Celui-ci a fait oublier sa contre-performance du matin où ses illusions ont été balayées par les très mauvaises conditions atmosphériques, lesquelles ont contraint à l’abandon son compatriote McBride, durement touché sur chute (il souffre de plaies aux bras, aux jambes et aux genoux). Mais McNulty, comme beaucoup d’autres, fait partie des grands battus du jour.

Il n’en est pas de même des Suisses qui ont réussi un véritable coup de poker en prenant l’initiative. Entreprenant et généreux dans l’effort, Hirschi a pris le maillot jaune de leader à son coéquipier Stefan Bissgger, victime d’un ennui mécanique au plus mauvais moment le matin. Tous deux ont été ensuite les grands protagonistes du chrono dans la plaine de l’Orbe, sur un tracé très roulant mais avec un final en montée (500 derniers mètres à 10 et 15 %). Il n’y a eu que McNulty pour les empêcher de faire coup double, alors que Gall et Ulysbaev étaient relégués à plus de 30 secondes des deux Suisses, auteurs d’une magnifique performance.

Il fallait avoir le cœur bien accroché pour accepter, sur le coup de 9 heures, de prendre le départ de Ballaigues, au pied du Jura vaudois., sous un ciel bas et surtout une pluie battante qui allait provoquer de nombreuses chutes dans les premiers kilomètres en descente en raison d’une chaussée glissante. A tel point que la course a été neutralisée et stoppée durant douze minutes par les commissaires après 16 km (entre Rances et Champvent) pour permettre aux victires et aux membres du service médical de reprendre place dans la colonne des véhicules. Un moment fort de cette matinée pleine d’émotions, qui proposait 1'692 m de dénivellation avec la longue et difficile montée des Rochats, au-dessus de Concise et Mutrux (12 km à 8 %).

C’est là que la course a été lancée par l’attaque, à Onnens (km 27), du Français Alexis Brunel, vite repris et débordé dans les premiers mètres d’ascension par Hirschi, l’Italien Covi (vainqueur la veille à Apples), le Hollandais Eeckhoff, le Français Turgis, le Luxembourgeois Ries. Au fil des kilomètres, la sélection s’opérait inéluctablement. Le leader, Stefan Bissegger, perdait alors contact sur un ennui mécanique qui allait l’obliger à un gros effort pour recoller au peloton, de plus en plus étiré et disloqué.

En tête, l’entreprenant Marc Hirschi voyait revenir sur lui le Slovène Pogaçar et surtout le Kazakh Ulysbaiev qui allaient constituer avec lui le trio de tête. Tous trois passaient dans cet ordre au GP de la montagne, à 1'142 m. d’altitude, avec 12 secondes d’avance sur Gall, sorti seul en contra-attaque sur la fin de la montée, Suivaient à 40 secondes le Belge Moniquet, Turgis et Ries, puis l’avant-garde du peloton à 1 minute et Bissegger à 1’40.

Une situation qui installait le suspense sur la course, d’autant plus que la descente de Mauborget, rapide, très technique et dangereuse, avec des virages très serrés, avait lieu dans le brouillard et sur une chaussée mouillée. De nouvelles chutes se produisaient. En tête, Pogaçar ne pouvait suivre Hirschi et Ulysbaiev et même Gall, revenu sur eux, devait serrer les dents pour ne pas subir le même sort. Pogaçar était rejoint par Turgis et un autre Kazakh, Vadim Pronsky, alors que le trio de tête, emmené par un Marc Hirschi internable, fonçait vers l’arrivée et que le retard du peloton s’accentuait.

Troisième du général à 6 secondes, Hirschi était le principal intéressé par la réussite de l’offensive. Celle-ci allait creuser des écarts importants. Hirschi payait de sa personne sur les derniers 30 km et Ulysbayev le débordait dans le petite côte d’arrivée, au cœur de la vieille ville d’Orbe. Le maillot jaune était toutefois pour le jeune coureur bernois, à l’origine de ce coup de balai qui allait bouleverser la hiérarchie, le peloton principal terminant à près de 3 minutes. Les Américains étaient parmi les grands battus, mais aussi les Hollandais, Danois, Italiens et dans une moindre mesure les Français et les Slovènes.

Bertrand Duboux