![]() |
LA CHRONIQUE DE BERTRAND DUBOUX |
|
Après
le couac de Paris-Roubaix : défaillance d’ASO et des commissaires UCI
|
Si
j’étais Thierry Gouvenou, directeur de course, je ne serais pas très
fier après l’incident du passage-à-niveau de Wallers qui a failli
provoquer un drame sur le parcours de Paris-Roubaix. Et cela sous les
yeux de millions de téléspectateurs. Malgré le feu rouge clignotant
et les barrières qui s’abaissaient, une bonne cinquantaine de
coureurs ont franchi les voies. On en a vu encore cinq-six qui
zigzagaient entre les barrières pour traverser huit à dix secondes
avant le passage d’un TGV ! Les autres ont pu être stoppés à
temps mais la catastrophe a été évitée de justesse. Incroyable. Les
fautifs n’ont pas pu être tous identifiés et c’est ce qui justifie
qu’aucune sanction ne soit tombée sur le peloton en violation
flagrante du règlement UCI. Il nous semble pour le moins évident que
la responsabilité de la direction de course et des commissaires UCI est
engagée. Pourquoi n’ont-ils pas anticipé en envoyant quelqu’un sur
place ou en désignant l’un d’entre eux afin de mettre en place un
barrage. Au cas où… On
nous dit que dans cette zone, le tracé de la course coupe les voies à
cinq reprises au moins dans un périmètre d’une quinzaine de kilomètres.
Si c’est vraiment le cas, il n’y a qu’à prévoir et à
s’organiser avant. Des mesures prévisionnelles doivent être envisagées.
Cela n’a pas été fait et c’est une défaillance des services
d’ASO, mais aussi une négligence des commissaires UCI dont la réputation
en prend de nouveau un méchant coup. C’est
bien cela qui nourrit la polémique. Certes, les coureurs connaissent
parfaitement le règlement et doivent s’arrêter devant un passage-à-niveau
dont les barrières se ferment sous peine de disqualification. C’était
arrivé en 2006 à Leif Hoste, Peter van Petegem et Vladimir Gusev qui
avaient franchi un passage fermé à 10 km de Roubaix, derrière
Cancellara qui filait vers la victoire. Ils avaient fini dans cet ordre
mais avaient été éliminés du classement. Boonen, Ballan et Flecha,
qui composaient un troisième groupe de poursuite et qui, eux, s’étaient
arrêtés 30 secondes pour laisser passer un train de marchandise, mais
qui était repartis avant que les barrières ne soient relevées,
n’avaient pas été sanctionnés. Cette année-là, ASO avait écopé
de 5'000.- francs suisses d’amende pour « défaut
d’organisation ». Et
cette fois aucun déclassement, aucune sanction alors que l’incident
était bien plus grave. C’est à croire que le règlement UCI est
appliqué à la tête du client. Le président du jury, le Belge Guy
Dobbelaere, a justifié cette décision en arguant que cela aurait été
injuste pour tous les coureurs fautifs mais non identifiés et qui
seraient ainsi passés entre les gouttes. Mais que dire de ceux qui ont
vu le motard de gendarmerie leur signifier de s’arrêter et qui
n’ont pas obtempéré, dont Arnaud Démare, le champion de France,
pourtant facilement reconnaissable, lui ! Depuis
de nombreuses années, ASO possède une vraie maîtrise dans l’art de
l’organisation. Mais sur ce coup-là, elle s’est fourvoyée et les
commissaires UCI avec elle. Les explications et les justifications des
uns et des autres sont pitoyables. Quels seraient leurs commentaires si
plusieurs coureurs avaient été déchiquetés par le train à grande
vitesse de la SNCF ? Bertrand
Duboux 13.4.2015
|