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Ce sera presque devenue une constatation quotidienne. Le Tour d’Espagne est impitoyable. Accablant. Acerbe. Au lendemain d’un contre-la-montre exigeant, placé dans le prolongement d’une journée de repos, le peloton s’est une fois de plus heurté à une étape éprouvante. Les organismes, usés par près de trois semaines de course désormais n’ont été épargnés ni par la chaleur, ni par la difficulté de cette dix-huitième journée passée sur les routes espagnoles. A ce concours de résistance, Nicolas Roche (Team Sky) s’est montré le plus performant. Parti dans l’échappée du jour, au sein de laquelle figuraient également Vicente Reynes et Simon Pellaud pour le compte de IAM Cycling, le coureur irlandais a faussé compagnie à ses derniers compagnons avec Haimar Zubeldia (Trek Factory), pour tenter sa chance à 23 kilomètres du but. Lors du sprint, Roche ne s’est pas fait prier pour imposer sa pointe de vitesse dans les derniers mètres et brûler la politesse à l’Espagnol. A l’arrière, Tom Dumoulin (Giant Alpecin), a dû faire preuve de sang-froid pour contrôler les multiples attaques de Joaquim Rodriguez (Katusha) et Fabio Aru (Astana). Les prétendants au classement général ont annoncé la couleur, la lutte continuera jusqu’à Madrid. En attendant de nouvelles explications, Dumoulin repartira vendredi de rouge vêtu, une fois encore.

Avant de monter dans le bus de IAM Cycling, Simon Pellaud affichait un sourire crispé. Le dos courbé, les jambes raides, le jeune néo-pro ne s’était pas montré avare de ses efforts entre Roa et Riaza. Présent sur cette Vuelta pour acquérir de l’expérience, le coureur suisse sait que cet apprentissage passe aussi par des moments rudes et exigeants. «Prendre cette échappée c’est un peu ma petite réussite de ce Tour d’Espagne avouait timidement l’ex-champion de Suisse des U23. C’est une expérience nouvelle pour moi, qui de plus est sur un grand tour. Mon objectif principal annoncé reste bien évidemment de voir Madrid dimanche. Mais dans ma tête j’ai toujours eu depuis le départ cette envie de me retrouver à l’avant de la course. Désormais on peut dire que mon objectif purement personnel est atteint. Bien évidemment, je n’ai pas encore le niveau pour jouer la gagne quand je me retrouve dans des groupes comme celui de ce jeudi, je n’ai pas le talent nécessaire pour le moment ». Et pour parfaire cet apprentissage, le jeune coureur de 22 ans pouvait compter sur un homme d’expérience à ses côtés en la personne de Vicente Reynes. L’Espagnol, habitué de ce type d’effort, avait quant à lui pour ambitions de couper la ligne, les bras levés. «Je savais dès le départ qu’une victoire était compliquée à envisager sur ce type de parcours, mais je me devais d’essayer déclarait le professionnel Majorquin. La répétition des petits monts et l’ultime ascension ont malheureusement évincé toutes mes chances de succès sur cette journée. Le rythme était trop rapide. Désormais je pense avant tout à couper la ligne à Madrid, et si les prochaines étapes se passent bien, pourquoi pas réussir un sprint lors de cette dernière arrivée ».Un optimisme et une volonté d’aller de l’avant omniprésente au sein de la formation professionnelle suisse. C’est un point que tenait à relever Eddy Seigneur, directeur sportif en compagnie de Mario Chiesa : «Nous avons à cœur de nous montrer présents dans cette fin de troisième semaine expliquait le DS. L’équipe est offensive, mais cette petite pointe de chance nous fait encore défaut. Cependant nous coureurs ont montré de choses intéressantes pour les étapes à venir, et c’est ce que je retiendrai de cette journée. Vicente Reynes est tombé sur plus fort que lui, et il était difficile pour lui de rivaliser avec des purs grimpeurs du gabarit de Roche ou Zubeldia. Ensuite, je suis très content de l’attitude de Simon Pellaud car je pense qu’il a appris beaucoup de choses encore aujourd’hui qui lui seront utiles pour la suite de sa carrière. Il vaut mieux être à l’avant de la course et se faire plaisir, plutôt qu’être à l’arrière et lutter pour rentrer dans les délais » 10.09.2015