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LA CHRONIQUE DE BERTRAND DUBOUX |
A
star is born Stephan Küng futur
grand du sport cycliste |
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Champion
de Suisse junior et M23 chrono, route et piste, champion d’Europe de
poursuite par équipes et individuelle, champion du monde élite,
entre autres succès, à moins de 22 ans. Alors que sa carrière ne fait
que commencer, Stephan Küng a déjà tout gagné ou presque sur la
piste et il ne lui manque plus que l’or olympique. Mais la poursuite
individuelle ayant été rayée du programme des JO, il n’y a plus que
la poursuite par équipes, voire l’épreuve de madison avec copain
vaudois Théry Schir, pour lui offrir cet honneur suprême. Mais ce sera
difficile car même si la Suisse est vice-championne d’Europe de la
discipline (avec encore Frank Pasche et Silvan Dillier), elle reste barrée
au niveau mondial par la Grande Bretagne de Wiggins, voire l’Australie
de Bobridge, le recordman du monde des 4 kilomètres. Il
n’empêche que le prodige thurgovien (1m93/84 kg) est bien l’un des
sujets d’avenir du cyclisme international. On l’avait déjà vu et
senti comme tel lors de la dernière étape du Tour du Pays de Vaud 2011
à Penthaz. Le junior qu’il était encore avait gagné en solitaire
après avoir attaqué à quatre kilomètres de l’arrivée. Il avait
alors magistralement résisté au peloton tout entier lancé à sa
poursuite. Il n’avait pas encore 18 ans et ce jour-là il avait déjà
crevé l’écran en dévoilant une puissance phénoménale qui nous
avait poussé à une comparaison osée avec un certain… Cancellara ! Depuis
cette révélation, Stephan Küng, double médaillé d’or (chrono et
route) aux championnats d’Europe 2014, à Nyon, n’a cessé de
grandir et de s’affirmer comme l’un des champion de demain. Pas
seulement sur le plan sportif mais aussi humain, en faisant apprécier
à la ronde les qualités d’une personnalité exceptionnelle. A la
fois jovial et ouvert, toujours prompt à plaisanter, respectueux de
l’adversaire et très bon camarade avec ses potes de l’équipe de
Suisse, mais aussi très concentré sur ses objectifs. Comme un grand
professionnel qu’il est déjà, qui sait reconnaître les mérites de
ceux qui l’ont aidé à gravir les échelons, notamment l’entraîneur
Daniel Gisiger, à l’origine de cette belle aventure collective qui mériterait
de se terminer au moins sur le podium à Rio, en août 2016. Depuis
1977 (c’était l’époque du fameux coach Oscal Plattner) et la médaille
de bronze aux Mondiaux de San Cristobal (Vénézuéla) avec Gisiger,
Dill-Bundi, Kaenel et Baumgartner, puis 1978 à Munich (avec Freuler à
la place de Baumgartner) - cela fait 37 ans ! -le cyclisme helvétique
n’avait plus eu l’occasion de vibrer aux exploits de ses
poursuiteurs, si l’on excepte Robert Dill-Bundi, champion olympique
1980 à Moscou. C’est tout le mérite de Gisiger d’avoir réussi,
malgré de faibles moyens financiers, l’exploit de reconstruire une équipe
de ce niveau-là. Il
reste quelques manches de la Coupe du monde ces prochains mois pour
obtenir définitivement la qualification olympique. Et puis chacun des
membres du quatuor devra assumer son propre avenir en bifurquant vers la
route où il est tout de même plus facile de gagner sa vie avec le vélo.
En remportant le Tour du Limbourg, puis en avril dernier une étape du
Tour de Romandie à Fribourg, Stephan Küng a déjà fait sa place au
sein de BMC. Mais pas
question, pour l’heure, de tout sacrifier à la route avant les JO de
Rio, son grand objectif avoué. Andy Rihs, le financier zurichois et
patron du groupe américano-suisse, avec lequel il est lié
personnellement, lui offre à ce niveau-là une garantie inespérée et
assure le coach Gisiger de pouvoir compter sur sa formidable locomotive. Ensuite ?
c’est la route qui tend les bras à Stephan Küng. Dans notre rêve,
on le voit déjà foncer vers la vélodrome de Roubaix après avoir
dompté les pavés du Cambraisis et s’être dégagé dans le secteur
du carrefour de l’Arbre. Comme Cancellara, il n’y a pas si
longtemps. Mais ce n’est qu’un rêve, n’est-ce pas ? A moins
que la réalité ne rejoigne un jour la fiction pour le plus grand
plaisir de ses supporters. Et
puis il y a de beaux et grands défis à saisir: Tour des Flandres,
championnat du monde et JO contre la montre et en ligne, prologue du
Tour de France notamment. Et le record du monde de l’heure dans un
futur plus ou moins rapproché. Gageons que Daniel Gisiger y a a déjà
pensé… Dommage
que la retraite nous tienne désormais éloigné du théâtre de ses
futurs exploits. Bertrand
Duboux, 19.10.2015
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