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LA CHRONIQUE DE BERTRAND DUBOUX |
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Les
juniors suisses valent de l’or |
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Stefan
Bissegger (poursuite) et Hirschi-Müller (madison) champions du monde ! Pour
un entraîneur national, il est difficile de faire mieux. D’autant
plus que l’élite mondiale de la catégorie était au rendez-vous,
dont les Australiens et Néo-Zélandais qui appartiennent, avec les
Anglais, aux nations de pointe en ce qui concerne le épreuves sur
piste. Une très belle réussite pour Daniel Gisiger qui, à l’issue
du TPV 2016, confiait déjà: « On
a rarement eu en Suisse une génération aussi douée ! » Malgré
ses excellentes performances sur route (9ème du TPV 2016),
c’est en poursuite que Stefan Bissegger est le plus à l’aise et ces
Mondiaux juniors en Suisse étaient inscrits en bonne place dans son
agenda. Rendez-vous gagnant (comme Tom Bohli l’avait fait en 2012 en
Australie) et avec la manière : près de six secondes d’avance
sur le Danois Rasmus Pedersen ( !)
alors que Joab Schneiter, autre sélectionné helvétique,
s’est classé à la 29ème place (il sera 10ème
de l’épreuve scratch). Puissant,
massif, Stefan Bissegger (18 ans) n’est pas sans rappeler un certain
Robert Dill-Bundi, double champion du monde junior 1975-76 et champion
olympique en 1980 à Moscou. Se hissera-t-il au niveau du grand espoir
Stefan Küng, sacré champion du monde Elite de la spécialite en 2015 ?
Il est dommage que pour Bissegger, les JO de Rio se présentent un,
voire deux ans trop tôt ! Mais le Thurgovien est un sujet
d’avenir, un véritable puncheur, qui peut nous réserver encore
quelques belles surprises ces prochaines saisons. On
peut en dire autant de Marc
Hirschi, incontestablement le meilleur junior suisse depuis deux
saisons. Vainqueur notamment du GP Ruebliland et du GP Patton
(Luxembourg) 2015, 3ème de Gand-Wevelgem, 6ème
de Paris-Roubaix, vainqueur du Tour de Berne et du Tour du Pays de Vaud
2016 et double champion de Suisse sur route. Un palmarès déjà bien étoffé,
qui s’est garni du titre mondial du madison avec son compère bâlois
Reto Müller au détriment des Néo-Zélandais Stewart-Sexton et des
Australiens O’Brien-Scott. Dans la foulée, le jeune Bernois a encore
terminé 7ème de la course aux points, confirmant qu’il
est aussi performant sur piste que sur route. Et
pourtant, c’est dans les courses par étapes que s’est révélé ce
petit gabarit (1m68), aussi à l’aise contre la montre que sur des
terrains accidentés. Un passe-partout qui s’affirme comme un
redoutable finisseur grâce à une pointe de vitesse qui lui vaut de
nombreux succès au sprint. Quel sera le futur de Marc Hirschi ?
Difficile de le prédire mais il sera sûrement l’un des coureurs de
base de l’équipe de poursuite qui prendra la succession du groupe
olympique* (Schir, Pasche, Dillier, Beer, Thièry, Suter). D’ailleurs,
avec Bissegger, Müller et le Vaudois Robin Froidevaux (11ème
de l’omnium), il a contribué à la 4ème place de la
Suisse en poursuite par équipes derrière la Nouvelle Zélande, le
Danemark et la Grande Bretagne, mais devant la France, l’Australie,
l’Allemagne et l’Italie ! Comme
quoi la relève semble assurée grâce à un formidable travail en
profondeur effectué depuis plusieurs années, tant à Aigle qu’à
Granges où le cyclisme suisse sur piste vit des heures qu’il n’a
plus connues depuis bientôt trois décennies ! Ou quand la qualité
remplace la quantité… * Champion
du monde de poursuite en 2015, à 21 ans et demi, Stefan Küng aurait dû
être l’homme de Rio, la locomotive de l’équipe de Suisse de
poursuite qualifiée pour les JO en août 2016. Hélas, après une
mononucléose qui l’a mis sur le flanc en décembre dernier et l’a
privé des Mondiaux sur piste début mars, à Londres, il a trainé sa
peine sur les routes du Giro après avoir terminé, malgré une chute, 7ème
du chrono de Chianti sur 40,5 km à 58 secondes du Slovène Roglic (9ème
étape). Le 23 juin, alors que l’espoir de BMC était parmi les
favoris du contre la montre des championnats de Suisse, à Martigny, il
était victime d’une nouvelle chute avec fracture de la clavicule
gauche et fracture de l’os iliaque (bassin) ! Résultat ?
Forfait pour les JO et l’équipe de Suisse décimée. Pour le
remplacer, Daniel Gisiger a fait appel à Cyrille Thièry, ce qui fait
passer à cinq le nombre de Vaudois retenus parmi les six sélectionnés
suisses. Du jamais vu ! Bertrand
Duboux, 30.7.2016
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