LA CHRONIQUE DE BERTRAND DUBOUX

    

Bardet et Barguil, les espoirs du cyclisme français

Chris Froome a gagné son quatrième Tour de France et il reviendra l’an prochain, à 33 ans, pour tenter de se hisser au niveau des recordmen que sont Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain. Mais c’est le cyclisme français qui présente le bilan collectif le plus intéressant et prometteur de cette édition 2017. Cinq succès d’étape avec Démare, Calméjane, Barguil (2) et Bardet, celui-ci 3ème à Paris (à 2’20) alors que Barguil (10ème à 9’25) est sacré meilleur grimpeur et coureur le plus combatif. Il y a longtemps que les spectateurs de l’Hexagone n’avait ressenti autant d’émotions, même si pour ce qui concerne la victoire finale nous n’avons eu droit qu’à un suspense de façade !  

Tous représentent la nouvelle génération qui repose sur des coureurs de 23 à 27 ans. Et encore a-t-il manqué le puncheur Alaphilippe (blessé) alors que l’espoir Thibaut Pinot, diminué par les fatigues du récent Giro (4ème), a été loin de pouvoir rééditer sa magnifique performance de 2014 (3ème derrière Froome et Péraud). Mais 2018 devrait lui permettre de se réhabiliter aux yeux du public et de retrouver sa place d’outsider pour le classement final.

Il y a une vingtaine d’années, Jalabert, le premier, avait rallumé la flamme de l’espoir (4ème en 1995 derrière Indurain), puis Virenque (3ème en 1996 derrière Riis, 2ème en 1997 derrière Ullrich) avait fait croire au miracle avant que Voeckler n’embrase le pays en 2004 (dix jours maillot jaune) puis encore en 2011 (4ème derrière Cadel Evans et de nouveau dix jours en jaune). Pour ce dernier, la roue a tourné désormais, comme elle tournera prochainement pour Chavanel (38 ans).

Force est de constater toutefois que s’ils représentent l’avenir, Bardet et Barguil ont profité cette fois de circonstances plutôt favorables. Seulement 35,5 kilomètres cumulés contre la montre pour le premier (qui a perdu au total 2’36 sur Froome) et une totale liberté de manœuvre pour le second qui est allé cherché les points du Grand Prix de la Montagne en marge du classement général. Qu’en sera-t-il pour Bardet le jour où les organisateurs reviendront aux distances habituelles, soit 100 à 120 km chrono, et pour Barguil s’il entend jouer le maillot jaune plutôt que s’intéresser aux petits pois rouges ?

A moins que du côté d’ASO, conscient de la nouvelle situation et pour faire vibrer encore plus la fibre patriotique, on décide de favoriser les grimpeurs que sont Bardet et Barguil en renforçant le secteur montagneux et les arrivées en altitude au détriment du contre la montre qui leur est défavorable. 

Toutefois l’histoire du vélo est ainsi faite qu’il faut se méfier des affirmations trop soudaines. Si Bardet a magnifiquement confirmé le rôle qu’il avait déjà joué en 2016, une interrogation plane sur le futur de Barguil. La rumeur dit que l’équipe Sunweb, déjà bien nantie avec Tom Dumoulin, le vainqueur du Giro, et Michael Matthews, lauréat du maillot vert, ne s’opposerait pas à son départ éventuel ! Dans ce cas-là, il resterait à l’espoir breton non seulement à refaire sa place au sein d’un autre environnement mais à s’affirmer en tant que leader et cette responsabilité nouvelle n’est pas facile à assumer. Elle peut même tout changer.

Il reste quatre mois, jusqu’à la présentation du Tour 2018 en fin d’année, pour spéculer sur ce que sera le prochain parcours. Les paris sont ouverts.

Bertrand Duboux, 24.7.2017